mardi 22 avril 2008

Tibulle,Elégies, I, II

Proposition de traduction

Qu’on vivait bien sous le règne de Saturne, avant que la Terre ne fût ouverte en de longues routes ! Le pin du navire n’avait pas encore bravé les ondes céruléennes, et n’avait pas encore présenté sa voile déployée au vent, et le marin qui ère à l’aventure en cherchant les profits dans des terres inconnues n’avait pas encore chargé son bateau avec des marchandises étrangères. En ce temps là, le taureau vigoureux ne subissait pas le joug, le cheval ne prit pas le mord aux dents de sa bouche, aucune maison n’avait de portes, pas de bornes dans les champs pour délimiter les terres de façon précise. Les chênes donnaient du miel d’eux-mêmes, les brebis portaient d’elles-mêmes leurs mamelles pleines de lait aux paysans tranquilles. Il n’y avait pas d’armée, pas de colère, pas de guerre, et le cruel forgeron n’avait pas forgé une épée de son art barbare. Maintenant sous le maître Jupiter, il y a toujours des massacres, des blessures, maintenant il y a la mer, maintenant il y a 1000 routes de morts soudaines. Epargne-moi, Père : les parjures et les paroles impies prononcées contre les dieux sacrés ne me font pas peur, moi qui suis timide. Si nous avons parcouru déjà maintenant les années fixés par le destin, fais qu’une pierre gravée soit érigée au dessus de mes ossements avec ces mots inscrits :CI-GÎT TIBULLE, EMPORTE PAR UNE MORT CRUELLE TANDIS QU’IL SUIVAIT MESSALA SUR TERRE ET SUR MER


Proposition de commentaire

Introduction

=> De son vrai nom Albius Tibullus, il vit entre -50 et-18. Il appartient avec Ovide et Properce aux poètes élégiaques, en reprenant de nombreux thèmes champêtres dans le style de Virgile.  Il composa deux livres : Les Elegies et le Corpus Tibullianum, ensemble de pièces composées dans le cercle de Messalla (d'où l'épigraphe)

=>Dans les vers qui précèdent, le poète évoque la peur de mourir loin des siens, qui lui rappelle les pressentiments qui ont retardé son départ, et l’amène à s’en remettre aux dieux. Cette pensée le conduit à regretter les temps où ces risques de mort n’existaient pas, et c’est ainsi qu’arrive assez naturellement ce passage sur l’âge d’or, thème traditionnel de la poésie de ce temps (voir Virgile, Ovide….) 

 1°) Un thème traditionnel et incontournable : Le mythe de l’âge d’or  et son opposé l’âge de fer

1 : L’Age d’or

               L’évocation de Tibulle est faite d’une manière traditionnelle en opposant le temps du bonheur et de la pureté à la corruption postérieure et actuelle. Le tableau est organisé en fonction de ce balancement entre nondum, mot-pied (37) et nunc (49) première syllabe du dactyle initial.

                Les détails de la peinture aussi sont  traditionnels: celle-ci contient les trois points essentiels que la plupart des critiques distinguent dans toute évocation de l’âge d’or.

                (1- Tout d’abord une proximité entre les hommes et les dieux qui, selon la légende, vivaient les uns auprès des autres et partageaient même leur repas. L ‘évocation est ici discrète, mais l’exclamation initiale du vers 35 « quam bene Saturno vivebant rege ! » suffit à faire comprendre les bienfaits de cette cohabitation entre une communauté d’hommes heureux et son souverain. Noter la souplesse de l’ablatif « Saturno…. Rege », avec Saturno dans la première partie, avant la coupe pent et juste après « quam bene » : Saturne règne, mais ne domine pas. Le pluriel « vivebant » élargit le « bien vivre » à toute l’humanité + les longues sur « Saturno vivebant ». Aucune rupture d’harmonie. Peut être retiré)

                2- deuxième point : une nature généreuse offrant à l’homme sa production sans qu’aucun effort doive être fourni de la part de ce dernier. Thème présent essentiellement  aux vers 45-46 lorsque Tibulle rappelle qu’en cet heureux temps « ipsae mella…..ultroque… obvia… oves » (Cf 4° buc, pour les termes de l’évocation). Abondance des mots montrant la spontanéité du don :  Ipsae, spondée initial et mot-pied ; quercus mis en valeur entre deux coupes pent hepht : c’est bien la nature qui donne ; obvia dactyle initial et mot-pied ; ubera mot-pied aussi ;  On notera qu’au vers 45 l’abondance des liquides et des nasales crée une sonorité agréable pendant que le rythme binaire dabant…que ferebant … introduit un équilibre et une sérénité représentatifs du règne de Saturne.
                3-. Troisième point : ce temps voyait les hommes vivre dans l’oisiveté et la paix, sans l’idée d’entreprendre quoi que ce soit de dangereux. Cette peinture est faite dans un passage dominé par les tours négatifs  (nondum…nec…non – 4 fois-, entre le vers 37 et le vers 44) : litote, peut-être,  mais aussi commodité du procédé : peindre le bonheur est difficile à faire sans mièvrerie, surtout un bonheur mythique ; il est plus facile –plus efficace aussi- de faire comprendre la nature de ce bonheur par opposition avec le monde que le lecteur connaît : ainsi, pas de routes (36), pas de navires (37-38), partant pas de commerce (39-40) ; nul besoin de cultures (41-42), donc aucune nécessité de clore les demeures et pas de propriété privée (43-44)

[- La négation expressive « non … ulla » au vers 43 peut faire penser aux douloureux partages des terres qui avaient spolié des milliers de propriétaires (cf 1° bucolique). La peinture est bien faite à partir de l’expérience commune à chacun, ancrée dans une période de l’histoire romaine actuelle] ;

aucune source de convoitise et par conséquent aucune violence (47-48).

L’âge d’or est ce temps mythique où les hommes ne se dressaient pas contre leurs semblables et coexistaient sans péril.


1-2 : En opposition, l’âge de fer

 

Son évocation proprement dite est courte : essentiellement les vers 49-50, en constante opposition avec les vers 35-40.

- A Saturne s’oppose Jupiter : poids de la domination rendu par « sub »/ Nunc Jove en dactyle initial/ domino placé entre deux coupes tri et pent + « semper » mot-pied en finale ;

- A la vie, s’oppose la mort violente : caedes entre coupe pent et hepht + mot–pied « vulnera » - dactyle obligatoire-; - A la terre uniforme et maternelle (tellus), s’opposent les routes (viae) qui conduisent inexorablement à la mort (leti placé juste avant la coupe ») ;

-Aux ondes azurées ( caerulas avant la coupe pent + undas en spondée final-mot-pied) , s’oppose la mer (nunc mare, dactyle initial, brutal, sans aucun qualificatif pour « mare ») –avec chiasme entre terre-mer (36-37) / mer-terre (50) donnant l’idée d’un bouleversement négatif, propre à l’âge de fer.

Apparemment rien d’autre sur cet âge honni ; cependant, toute l’évocation de l’âge d’or porte en elle-même celle de l’âge de fer ; il suffit de relire les vers 36-44 en ôtant les tours négatifs pour voir se profiler les caractéristiques du malheur de cet âge :

-La terre est couverte de routes ; « patefacta » donne l’idée d’une ouverture, d’une tranchée, d’une profanation (36)

-Du pin, arbre immobile et vertical, on fait des navires en vue d’expéditions lointaines et lucratives. (37-40). Noter la condamnation incluse dans le verbe « contempserat » après la coupe hepht/ainsi que dans l’adjectif « vagus » dans le dactyle initial du vers 39 ; la quête incessante de profit dénoncée par « repetens » entre deux coupes…

- L’idée de propriété est ancrée dans les esprits (43-44) ; la méfiance naît et les maisons se ferment (fores habuit) ; les champs sont délimités soigneusement (« fixus qui regeret certis finibus arva lapis » / qui + subjonctif marque clairement un but voulu ; finibus en mot-pied…. En outre arva est un écho des « dulcia arva » de la 1° buc).

Toutes ces « innovations » de l’histoire semblent avoir pour points communs l’intérêt personnel et la cupidité. noter le verbe presserat du vers 40 –en dactyle initial- qui nous montre comment le marchand a fini par surcharger la cale de son vaisseau, ou l’ironique participe repetens -entre deux coupes- du vers 39, avec, dans le préverbe l’idée de chercher encore et encore.

Ainsi, il n’y a pas seulement une nième version des âges du monde ici ; il y a surtout l’expression de la vision personnelle de Tibulle sur ce monde.

II Le texte est donc beaucoup moins convenu qu’il y paraît au premier regard.

 

En effet, Tibulle s’approprie ce thème avec naturel  et aisance et le traite en lien avec son histoire personnelle, ou la situation dans laquelle il se peint à travers les Elégies.

Ainsi :

1 : 14 vers sont consacrés à évoquer « le règne de Saturne ».

- ce règne est caractérisé d’abord par l’absence de mobilité (cf 36-37-38) et de confrontation avec l’inconnu (39), ce qui paraît tout à fait en lien avec ce qui tourmente Tibulle dans ce début d’élégie : l’obligation de partir avec Messalla, la maladie et la solitude, loin des siens sur une île étrangère.

- Le distique suivant (39-40) précise l’étendue de cette immobilité propre à l’âge d’or : ni voyage pour guerroyer, ni voyage pour faire du commerce. C’est exactement cette immobilité dont Tibulle rêve, mais qu’il craint de ne trouver que dans la mort (« Hic jacet » (55) en dactyle initial)

- L’explication de cette absence de mouvement vient naturellement dans le distique 41-42 : pas besoin de commerce, puisqu’il n’y a pas de cultures donc pas de marchandises à échanger ; l’absence de  propriété personnelle en est la conséquence directe (43-44): si on ne cultive pas la terre, on n’a pas besoin de se l’approprier, et si on n’a rien à soi, pas besoin de fermer les maisons ! Tout cela s’explique clairement par le distique 45-46 qui montre la nature généreuse offrant d’elle-même ses bienfaits aux hommes qui sont alors « securis » (avant la coupe / mot pied).

Or tous ces éléments rejoignent les thèmes forts qu’on retrouve tout au long des Elégies (le calme, la vie simple, la modestie des biens, l’art de se contenter de peu….. la paix chez soi, et du temps pour se consacrer à l’amour et à la poésie).

                Ainsi, l’évocation de l’âge d’or est conduite, de façon assez originale, comme à l’envers : le poète part de son actualité, et par jeux d’associations successives, remonte à ce qui fait l’essentiel de cet âge béni : la fécondité spontanée de la nature, donnant à l’homme tout ce dont il a besoin et le dispensant de tout effort.

 

2 : Le passage se clôt par une sorte de conclusion récapitulative (47-48), dans laquelle le poète revient à son obsession du moment : la guerre ; les trois « non » + nec qui ponctuent le vers 47 + tout le lexique de la guerre et de la cruauté rappelle à la fois tout ce qui n’existait pas dans les premiers temps, et tout ce qui fait l’essentiel de la vie à l’époque du poète, et donc de la vie du poète/ des conditions de vie à Rome dans cette fin de premier siècle.

3 : C’est donc tout naturellement que nous passons à « Nunc », et à l’actualité du poète : « vulnera semper » (dactyle obligatoire / mot-pied + trochée final /mot-pied) + « caedes » entre coupe pent et hepht ; et dans le pentamètre, « nunc mare, nunc leti » avant la longue.

Cette omniprésence de la mort violente - et la perspective d’une mort probable pour lui (la situation du poète semble particulièrement grave -53-  avec son inquiétante hypothèse quod si fatales… qui donne à penser à une mort imminente) - conduit le poète à demander protection à Jupiter : « Parce pater » avant la coupe tri, avec régularité du rythme (- u, u -) et allitération/assonance en p/a/r .

Son seul espoir parait résider dans sa pureté conservée, qui peut lui éviter de faire partie des damnés. Mais pour cela il faut commencer par apaiser le courroux possible du dieu : ne risque-t-il pas d’avoir offensé Jupiter en louant le règne de Saturne ? La supplique initiale « parce » adressée à Jupiter –appelé Pater sans doute moins par solennité que pour montrer au maître des dieux toute la soumission et la vénération avec laquelle on le considère, est à comprendre par rapport à la condamnation que les vers précédents avaient énoncée contre l’age de fer (49) : « nunc jove sub domino »; Ainsi, le poète demande pardon et nie toute volonté de blasphème de sa part : la dénégation insistante (non non 51 52) ne prouve pas son innocence pour autant ; mais elle suggère au moins que les termes avec lesquels le poète a parlé de Jupiter ne sont pas à prendre comme une accusation. En outre, la maladie qui frappe Tibulle est la conséquence de sa dévotion envers Messalla : en le suivant –sequitur (56)- partout - terra –que mari (56)-, il a respecté les exigences de l’amitié. Or le latin désigne d’habitude ce type de fidélité par « pius » (cf encore « pius Aeneas » ; voilà donc une autre façon de montrer que le poète n’est pas impius.

Le poète peut donc espérer la protection divine.

(4 : il est en tous points digne de l’épitaphe qu’il imagine

Il n’est pas de ces audacieux qui se lancent dans des entreprises contre nature ; au contraire, il est « timidum » -placé entre deux coupes- ; en outre il se soumet aux volontés divines : acceptation de l’arrêt du destin à son égard : « quod si fatales » avec quodsi en mot-pied + spondée (deux longues, plainte initiale) / « jam nunc » entre deux coupes + abondance de spondées dans le vers.

A la perspective d’une vie prématurément interrompue, le poète propose, comme une compensation, de mettre sur sa tombe une épitaphe qui, elle, durera, puisqu’elle sera inscrite sur une pierre solide et résistante au temps : noter l’abondance de longues sur « inscriptis stet » ; la pierre en outre « stet » dont tient / se tient debout/ dure ; et les mots inscrits sur elle confèreront une sorte d’éternité au poète mort trop jeune, comme le fera aussi la poésie.

L’épitaphe est d’ailleurs calculée pour donner de Tibulle une image multiple : convenue, et propre à plaire au passant ordinaire qui imaginera un homme mort au combat ; mais surtout reflet de sa révolte contre la violence du monde dans lequel il vit (ce qui est propre à Tibulle, et fort peu Romain !) : il n’a pas voulu cette mort ; c’est la société de son temps qui lui a imposé la contrainte de la guerre ; lui se serait contenté d’une vie simple, frugale et tranquille, comme celle que proposait Saturne.

Dans le distique final, Messala, le guerrier, devient donc figure de l’age de fer – et Tibulle, amoureux de la paix, dont l’idéal est la sérénité dans la frugalité, est figure de l’age d’or. Chacun dans un vers du distique : Tibulle en fin d’hexamètre, bien en évidence, Messalla en début de pentamètre, comme en opposition avec Tibulle.)

=> Je pense que cette partie II.4 peut être allégée et ne garder que l'opposition entre Tibulle et Messalla par la construction des vers

III On voit donc que Tibulle donne au mythe une dimension originale.

 

Il ne s’agit pas pour lui de fustiger une fois de plus, en moraliste conventionnel, la cupidité des contemporains et de se réfugier dans le rêve d’un passé idéal. Tibulle se livre à  une analyse lucide de ce qui a conduit l’homme dans cet âge de fer et s’efforce de montrer comment l’apparition du lucre ne peut qu’entraîner le déchaînement de tous les maux. On est bien loin d’une accusation qui rendrait Jupiter responsable de tous les mots ; c’est l’homme qui est au cœur de l’accusation.

(1 cette situation est le fruit d’un enchaînement logique

Le vers 47 nous en détaille la naissance et nous laisse deviner l’enchaînement: les armées et les guerres (acies, bella) ne sont-elles pas issues de la convoitise (ira) de puissants voisins, désireux de s’approprier les richesses que les expéditions des vers 37-40 ont étalées ?

L’idée est donc celle d’un cercle vicieux : introduire la convoitise et la richesse brise l’âge d’or parce que l’humanité ne pourra désormais plus sortir de la violence, comme le montrent le « semper »  mis en évidence à la fin du vers 49 ou l’hyperbole « mille viae »  du vers 50. Pris ici au sens figuré, viae fait écho au « vias » du vers 36 où les routes –cette fois au sens propre – qui représentent le désir de partir de chez soi et de faire du commerce, n’avaient pas encore fait leur funeste apparition.

De même, il faut noter que ce vers 50 montre une mer désormais hostile à l’homme, en opposition avec le vers 37, où les ondes marines sont surtout l’objet d’une contemplation et d’une admiration (caeruleas) : l’ignorance de la navigation permettait d’éviter tout danger.)

=> Je pense que cette partie III.1 peut être utilisé en transition mais ne doit pas donner lieu à une longue exposition

2 Mais l’ignorance est révolue.

Et ce funeste passage de l’ignorance à la connaissance a pour résultat de dresser à jamais les éléments contre l’homme ; dans son désir d’exploiter les ressources de la terre, l’homme a désormais tourné la nature contre lui au point que cette dernière lui est devenue méconnaissable, étrangère ; noter l’adjectif « ignotis » au vers 39, avant la coupe : adjectif intéressant s’il en est , signe de la détresse, du danger d’être loin de ce que l’on connaît ; noter aussi la mention d’une marchandise étrangère (externa à la coupe, vers 40) :  en sortant de son espace premier et naturel, l’homme est devenu comme étranger à lui-même et s’est aliéné la nature.

=> Là aussi, on peut utiliser cette sous partie en allusion dans le I. Je pense que cela sera plus léger et moins déplacé.

C’est donc parce qu’il n’a pas su ou pu demeurer à sa place que l’homme a mis fin à l’âge d’or.

3 Car pour Tibulle le bonheur est dans l’immobilité.

- En changeant le monde, au sens littéral en le faisant « mouvoir », l’homme a précipité sa perte et est entré dans le temps de l’histoire et de ses périodes de plus en plus malheureuses. (cf document à la fin) ; noter des verbes comme « subiit »  au vers 41  indiquant que l’homme a fait aller le taureau sous le joug, ou encore duxerat , vers 48 : il est intéressant que l’idée de forger une épée, symbole de l’age de fer, soit exprimée par un verbe dont le sens premier indique le mouvement.

- Ayant voulu forcer le rythme de la nature (dont « dabant et ferebant »  45 montrent encore l’allure première et spontanée) pour s’en rendre maître (domino 42) l’homme ne s’est pas seulement condamné à subir une cascade de maux comme le vers 48 avec la juxtaposition immiti saevus (5 syllabes longues) pourrait le laisser voir. Cette violence faite à la nature s’est surtout transformée en une rupture radicale qui  se trouve exprimée à travers l’idée de contre-nature. Ainsi, il n’est pas certain qu’il faille obligatoirement traduire pinus 37 par navire ; l’image est certes fréquente en poésie, mais ce que veut ici dire Tibulle, c’est que la folie humaine a fait mouvoir sur l’eau un pin symbole de l’immobilité. La synecdoque -en ne désignant pas l’objet par le terme exact mais par sa  matière- permet au poète de faire surgir une vision incroyable ; mais en même temps il souligne, par ce retour au sens propre, comment la disparition de l’âge d’or n’est que le résultat d’une tragique dénaturation.

Ainsi à la fois proche de la nature et foncièrement hostile à l’agitation, le poète a donné au mythe de l’âge d’or une coloration personnelle.

 => Cette sous partie peut être elle aussi en II

Conclusion

=>On le voit Tibulle a bien sûr sacrifié au passage obligé de l’évocation de l’âge d’or, se montrant en cela excellent poète puisque pratiquer la poésie à Rome, ce n’est pas d’abord trouver des thèmes originaux, mais traiter de façon originale un thème convenu.

=> Mais il y réussit bien au-delà de ce que l’on attendait ; car non seulement il introduit ce thème de façon très naturelle au milieu de son « roman de Délie » mais encore, il va plus loin que bien d’autres auteurs dans la signification qu’il donne à l’âge d’or.

=>En outre, en utilisant les images que lui offre la mythologie, il remet en question la légitimité des guerres de conquête romaines dont il démonte les ressorts méprisables ; l’avidité, la recherche du profit, le désir d’imposer son autorité. Derrière la douleur de l’amoureux qui redoute de mourir loin de Délie se dessine le révolté qui accuse Rome de faire le malheur du monde…. Et là il est bien loin des accents patriotique de Virgile !

1 commentaire:

A.R. a dit…

Je propose donc comme organisation en utilisant la nomenclature d'origine
A / I.1
I.2
II.2

transition avec le III.1

B/ II.1
II.2
II.3
(II.4 éventuellement)
III.3 éventuellement mis en liaison avec le II.4