mardi 22 avril 2008

La ruse des Grecs

Proposition de traduction  
A ce moment là le premier entre tous, accompagné d’une troupe nombreuse, Laocoon plein d’ardeur descend en courant du sommet de la citadelle et leur dit de loin : «  Oh malheureux citoyens, quelle est cette si grande folie ? Croyez vous que les ennemis se sont éloignés ? Ou bien pensez-vous que les quelques dons des Danéens soient exempts de ruse ? Est-ce ainsi qu’Ulysse est connu ? Ou bien les Achéens sont cachés dans ce cheval de bois, ou bien cette machine a été fabriquée pour attaquer nos murs, observer nos maisons et pour entrer dans la ville par le haut, ou bien il y a quelques autre tromperie qui est cachée. Troyens, ne vous fiez pas au cheval. Quoiqu’il en soit, je crains les Danéens même porteurs de présents. Et cela dit, de toutes ses forces il fit tournoyer une longue lance vers le flanc de la bête et son ventre courbe fait de poutres jointes. Celle-ci s’y plante en vibrant, le ventre du cheval ayant vibré, les profondes cavités retentirent et émirent des gémissements. Sans les arrêts des dieux, sans l’aveuglement de nos esprits, il nous aurait poussés à profaner par le fer/par nos lances les cachette des Argiens, Troie serait aujourd’hui debout et tu subsisterais, altière citadelle de Priam ! 


Proposition de commentaire (il est quelconque, donc à améliorer, malgré quelques remarques pertinentes . A vous de voir )

Introduction => replacer Eneide et Virgile (cf supra)

=> Alors que les Troyens se demandent s'ils doivent faire entrer le cheval dans la ville, la plupart voulant le garder, du fait de son pseudo-caractère sacré de don à Poseidon, intervient Laocoon, grand prêtre troyen d'Apollon (ou de Poseïdon),  fils de Priam, qui prône la destruction du cheval.

=> Commentaire linéaire en attendant que l'on se dévoue !!

1. Discours

A/Le discours de Laocoon reprend la grille de lecture n° 2, mais en l'approfondissant, c'est-à-dire que Laocoon va au-delà de la simple suspicion et décortique le plan des Grecs.

a) Les Grecs ne sont pas partis (il répond par là à ce qu'ont cru les Troyens dès le début - v. 25).

 b) L'offrande cache un piège.

          c) C'est Ulysse qui est à l'origine du stratagème (même si l'Enéide n'en dit rien, la tradition attribuait à Ulysse l'idée du cheval; voir QUINTUS, v. 25 - 47).

          d) Laocoon émet ensuite quelques hypothèses sur ce qu'est vraiment le cheval :

               1) un camouflage pour des soldats; en effet, remarquons "cavae" en position de mot pied, avant la coup penthémirène, qui fait déjà prévoir que le cheval est bien vide.

               2) une tour roulante;

               3) un autre piège non défini (aliquis error).

     La grille de lecture de Laocoon est extrêmement complète et correcte dans sa plus grande partie, puisque seules les hypothèses 2) et 3) ne se vérifieront pas. D'autre part, l'ordre dans lequel les hypothèses sont présentées incite à penser que c'est la première (c'est-à-dire la bonne) qui a sa préférence.

On peut considérer également que l'avertissement inutile est lui aussi un des ressorts de la tragédie (6). => registre tragique et dramatique, souligné par l'assonance en "i" v 21 et 22, qqch de strident, de menaçant avec l'allitération en "s" et "r" au v 26, qqch de sourd, opposées à l'assonance en "o" au v 25 qui pose a contrario, la douceur et le calme de la ville - sans le cheval, sans la sourde menace-

B/ Noter que Laocoon est d'emblée seul. "Ibi ante omnes" et opposition "omnes", "cives" -effet d'homéotéleute- 

effet rhétorique soulignant son isolement: apostrophe "Teucri"

2. Action

     Laocoon lance alors son javelot sur le cheval : ce geste signifie que pour lui, le cheval n'a rien de sacré. La suite est d'une importance capitale : insonuere cavae gemitumque dedere cavernae (les profondes cavernes ont résonné et rendu un gémissement). On peut se demander ce que désigne exactement gemitus: si c'est le bruit sourd rendu par le coup, il y a une sorte de pléonasme avec insonuere. A mon sens, il est préférable de donner à gemitusson sens habituel de gémissement émis par un être humain, ici un soldat caché à l'intérieur du cheval. Ainsi, le geste de Laocoon démontre la justesse de l'hypothèse 1) : le cheval est creux (insonuere) et il est occupé (gemitum)

Noter les infinitives vers 31 32 "uteroque recusso 

3. Commentaire du narrateur

     -Enée exprime alors le regret que les Troyens n'aient pas suivi le conseil de Capys; ce sont les destins des dieux et l'aveuglement des hommes qui en sont responsables, le deuxième pouvant être le produit des premiers.

-Relever le champ lexical de la fatalité => véritable catastrophe montrée par la personnification

=> La véritable responsabilité en est aux Dieux : anaphore en "si" au vers 33 et "fata" en mot pied (accentuation) avant, sauf erreur la coupe penthémiréne.

CCL : Dès la fin du texte, Virgile fait sentir que les Troyens se sont trompés. Déjà, la destruction de la ville est annoncée, ainsi que Enée le rappelle. Il retrace la genèse de l'aveuglement troyen, mais comme toujours, il souligne que ce sont les dieux et le destin, qui ont protégés les Grecs, et par conséquent, rien ne pouvait être accompli autrement.

=> C'est presque par fatalisme que Virgile explique la chute de la cité, dans un texte narratif maîtrisé.

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