lundi 21 avril 2008

Eurydice perdue à jamais

Proposition de Traduction
Revenant sur ses pas il avait déjà échappé à tous les dangers et, Eurydice lui ayant été rendue, atteignait la surface (= les brises d'en haut), le suivant par derrière (en effet Proserpine lui avait donné cette loi - ou "lui avait intimé cette condition")quand une folie subite s'empara de l'amant imprudent, certes pardonnable si les Mânes savaient pardonner. Il s'arrêta et alors qu'ils étaient sous la lumière elle-même du jour, alors oublieux, hélas, et vaincu en son coeur, il se retourna et regarda son Eurydice. A ce moment toute sa peine fut perdue, mais aussi le pacte du cruel tyran fut rompu et par trois fois, un vacarme fut entendu dans les étangs de l'Averne. Elle dit "Qui m'a perdu et moi malheureuse et toi Orphée, quelle grande fureur ?Voici que les cruels destins m'appellent en arrière et le sommeil m'engloutit, mes yeux qui se noient. Et maintenant je suis environnée d'une nuit immense bien que je te tende mes mains impuissantes, hélas moi qui ne suis plus tienne !"Elle le dit et soudain loin des yeux comme une fumée mélangée à des brises légères, fuit dans une direction opposée et lui qui essayait en vain de saisir des ombres et voulait encore lui dire des choses, elle ne le vit pas et le nocher d'Orcus ne le laissa pas franchir une fois de plus le marais qui les séparait. Que faire ? Où se porter puisque son épouse lui avait été par deux fois enlevé? Par quels pleurs émouvoir les Mânes et quelle voix une puissance divine ? Elle flottait, assurément, déjà froide sur la barque du Styx.


Proposition de commentaire (de Mme Beauthier .....)
Introduction complète type (je n'en ferais pas plus et je suis déjà bien gentil !) :Après le succès des Bucoliques, Virgile, en 30 av JC entreprend la rédaction des Géorgiques , recueil poétique composé de quatre livres. Sur le live IV, consacré à l'agriculture, se greffe l'histoire d'Aristée : fils de la nymphe Cyréne et d'Apollon, il est inconsolable de la perte de ses abeilles par un mal inconnu. Sa ère lui conseille de consulter Protée, dieu de la mer, qui connaît le présent, le passé et le futur. Protée lui révèle qu'il a causé sans le savoir la mort d'Eurydice. Le chant d'Orphée a fini par émouvoir les puissances infernales qui ont acceptées le retour d'Eurydice. 
L'extrait retrace la perte définitive d'Eurydice par Orphée. La folie d'Orphée causant la perte de leur union , amène Eurydice à déplorer leur séparation inéluctable, cause du désespoir d'Orphée. (plan linéaire)

I. La folie d'Orphée 
1. La transgression
- le retour heureux : 
       . Plus-que-parfait; la catabase semble achevée
       . Equilibre dans la construction littéraire montrant la régularité du retour : 1 vers par protagoniste, parallélismes sonores "e" et "a"
- l'irruption de la démence 
      . Prop sub 
      . On passe de l'imparfait duratif à un parfait ponctuel (evaserat//cepit)
      . déstructuration du vers 34 : "dementia" est au centre du vers et "cepit amantem" à la coupe bucolique. 
- la transgression proprement dite
     . Vers 38 intervention du poète
     . Orphée en COD => objet de la fatalité et non pas sujet
     . "restitit" et "respexit"=> tragédie
2. Les conséquences
-solennité du rythme ternaire de l'accumulation v 37 à 39
- champ lexical de l'échec "victus", "rupta"...
- homéotéleutes (= qui se termine par les mêmes sons, par ex les rimes en sont un cas particulier) en "or" (fragor et labor) et allitérations en "r" vibrantes => gravité de la situation comme un roulement de tambour

IILe discours d'Eurydice 
- "illa"=éloignement et emphase
1. Une scène pathétique
- la déploration 
      . Anaphore de "quis" (adj interrogatif)
      . apostrophe "Orpheu"+ pronoms
      . Lexique de la déploration 
- La pathétique est à son comble lors des adieux : syntaxe bouleversée ( "heu non tua" en position de dactyle obligatoire) +"heu"(+ponctuation)
 2. Une scène tragique
- forme passive de "feror" => proie de la fatalité, efforts vains
- métaphore de la nuit renforcée par les assonances en "a" grave, là encore solennité
- connotation tragique de "condit"

III Le désespoir d'Orphée
1 La disparition d'Eurydice
- 3 verbes au parfait dont "fugit" après coupe penthémimène (césure après la première syllabe du 3eme pied)
-adv "subito"+ comparaison+ assonance en "i" => légèreté de l'ombre qu'est Eurydice
- sans appel : périphrase pour Charon, en position d'obstacle
2. Le désespoir d'Orphée 
- gestes pathétiques et présence de participes présents montrant que ses efforts sont vains là encore
- paroles : subj avec effet d'homéotéleutes (renforce la valeur d'irréel), termes interrogatifs, dernière phrase martelé en "a" => impuissance totale du héros

CCL : =>scène pathétique avec terreur au début et montée tragique puis pitié et montée du pathétique
=> mais aussi évidemment littéraire avec de nombreuses remarques stylistiques
=> On retrouve le thème cher à Virgile qu'on ne peut pas lutter contre le destin.













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