On rapporte qu’Orphée a pleuré sept mois entiers sans interruptions au pied d’une riche aérienne/en hauteur au bord de l’onde du Strymon désert, et il a exposé ses peines au pied des antres gelées faisant bouger les chênes de son chant et attendrissant les tigres. telle, à l’ombre d’un peuplier, la plaintive Philomèle se plaint de la perte de ses enfants qu’un cruel laboureur, l’observant, a enlevés du nid alors qu’ils n’avaient pas encore de plumes, elle pleure la nuit, et posée sur une branche elle recommence son chant malheureux et emplit largement l’espace de ses plaintes affligées. Aucun amour, aucun hymen ne fléchirent son cœur. Seul, il parcourut les glaces hyperboréennes et les champs toujours couverts par les frimes de Ryphée, et les contrées enneigés du Tanais, pleurant son Eurydice enlevées mais aussi les dons inutiles de Pluton. ; les femmes des Cicones qui se trouvent dédaignés par cet hommage, au milieu des sacrifices des dieux et des orgies nocturnes dédiées à Bacchus, elles éparpillèrent par tous les champs alentours le jeune homme mis en pièces. Alors que sa tête arrachée de son coup de marbre roulait, comme portée au milieu de tourbillons d’eau, sa voix elle-même et sa langue glacée appelait la malheureuse Eurydice, tandis que son âme s’enfuyait, les rives répétaient « Eurydice » tout au long du fleuve.
Proposition de commentaire (encore une fois grand merci à Victoire)
Introduction : cf texte sur les précédents orphée, notamment Eurydice perdue à jamais.
=> Ce texte se compose notamment par une évocation pathétique de la mort du second amant, charmeur de la nature et poète intemporel.
accent sur la puissance de son chagrin :
- cf vers1 : *mise en exergue* de "septem" + "totos" et "ex ordine " (*redondance*) : mise en lumière de la continuité de son chagrin : pleure sans interruption pendant sept mois !
"perhibent" (on rapporte que ) : montre que c'est là un fait extraordinaire (car ce terme pourrait être employée pour un mythe = qqch qui semble si extraordinaire qu'on n'ose l'affirmer :
- *tournure impersonnelle*/le chagrin d'orphée semble être connu par tous ), suggère que la puissance du chagrin d'Orphée reste inégalée à ce jour.
-utilisation de l'imparfait : "lustrabat": souligne durée (vers 65)
-rythme des deux premiers vers : lancinant, avec allitérations en consonnes dures (t, p, b, d)---> traduit souffrance lancinate d'Orphée hantée par l'image d'Eurydice
-rejet au vers 3 de "flevisse " ---> insistance sur l'action de pleurer (dans le meme vers allitération en s : mime pleurs, larmes et gémissements d'Orphée)
-*analogie *avec Philomèle (dire qlqs mots sur l'histoire de Philomène) : elle aussi inconsolable
cf "durus" : a été victime de la cruauté du laboureur ;
**-*analogie* avec Philomèle rendue encore plus flagrante par l'utilisation des même termes pour caractériser leurs malheurs : *répétition* du verbe fleo et du verbe quaero (flevisse et flet; queritur et querens)
"noctem" ( ct ciconstanciel de tps à l'accusatif) souligne comme le vers 1 pour Orphée la continuité de son chagrin : semble aussi être infini, inconsolable.
Cependant noter la différence principale entre Orphée et Philomèle : Orphée a été l'artisan de son propre malheur (cf tx précédent : se retourne pour regarder Eurydice ) et de celui de la femme qu'il aimait, alors que Philomèle n'a été que la victime passive----> Ironie tragique (cf aussi connotation de "dona inrita", cadeau inutile : c'est orphée qui est responsable de l'inutilité de ce cadeau ), par là même on voit qu'orphée est doublement malheureux car il doit assumer la responsabilité se son acte imprudent.
-*champ lexical* de la douleur/plainte : flevisse, maerens, queritur, flet, miserabile, maestis, querens, ....---> suscite pitié du lecteur : *registre pathétique
-ton hyperbolique *cf vers 62 : Orphée est hermétique à tte tentative de distraction, d'oubli, etc : Eurydice est irremplaçable : "nulla" + "non ulli" : hyperbole, exclue définitivement et absolument l'idée qu'Orphée pourrait se consoler avec une autre femme et se réconcilier avec la vie.
cf* rejet *au début du vers 63 de "solus" : insistance sur solitude d'Orphée, qui ne partage pas son affliction avec d'autres êtres humains.
v2 : "deserti"
incompréhension des autres êtres humains, qui provoquera d'ailleurs sa perte : cf vers 667
une nature qui _semble _hostile : cf climat (champ lexical du froid : gelidis, hyperboreas glacies, pruinis, ...)
Mais paradoxe : cette nature qui semble hostile est en réalité la seule à comprendre le chagrin d'Orphée
A ce sujet, on peut faire une petite digression sur les Romantiques ( XIXème siècle), avec le concept lde a nature comme miroir de l'âme (tableau de Friedrich : Der Wanderer über dem Nebelmeer = le voyageur au-dessus d'une mer de nuages pour les personnes hermétiques à la beauté de l'allemand -Superbe référence Victoire http://www.macalester.edu/german/gs364/364Bilder/FriedrichWandererlarge.jpg )
Ici en fait la nature reflète les sentiments d'Orphée les partage.
ex : La froideur du climat reflète la glace qui envahit le coeur d'orphée séparé d'Eurydice et son chagrin.
D'ailleurs, vers 56 montre que la nature compatit avec chagrin d'orphée : mulcentem tigres / agentem carmine quercus : semble d'abord absurde mais traduit en fait caractère compatissant de la nature et des animaux qui, contrairement aux hommes, comprennent Orphée et le plaignent sincèrement. *Hyperbole* là encore
d'ailleurs nature ets à l'écoute d'Orphée : cf vers 3 ; c'est à la nature qu'Orphée raconte ses malheurs et non aux hommes. "evoluisse sub antris gelidis " : "antris gelidis" peut évoquer lesl armes que verse la nature en entendant le récit d'Ophée, larmes ensuite gelées par le froid....
---> pathétique
*Amplification* du chagrin d'Orphée grâce à la *mise en //* avec la nature
- Noter en plus l'allitération en "m"au v 56 qui insiste sur la douceur amenée par le poète.
transition possible : Certes la nature semble comprendre Orphée et s'associer sincèrement à sa peine et à son affliction, mais il s'avère que ce n'est pas le cas de hommes et encore moins des femmes ....
Ce crime est accompli (ironie ! ) par des femmes, rendue jalouses par l'amour d'Orphée pour Eurydice : ont l'impression d'être dédaignées : cf "spretae"
cf vocabulaire employé : "sparsere", "discerptum" : comme si orphée était un bout de viande----> *tragique*
violence : cf "revolsum" : tête d'orphée arrachée à mains nues par ces femmes !
*Hypotypose *cf vers 66à 71: lexique précis (cervice, etc..) appel à 'imagination du lecteur, ex par image des tourbillons : on imagine la scène sous nos yeux
étudier contexte du crime : ct ciconstanciel de temps du vers 67 : on a l'impression que le meutre d'orphée est un sacrifice aux dieux (sacra deum) , en l'honneur de bacchus .
En effet l'amour infini que vouait Orphée à Eurydice a pu rendre les dieux jaloux, car Orphée révérait Eurydice à la place de révérer les dieux : parjure ?
notion de fatum : mort d'Orphée voulue par les dieux ? ds ce cas femmes = instrument des dieux (là encore, rengaine chère à Virgile)
cf passivité d'Orphée : n'offre semble-t-il aucun résistance à ses assaillantes
La mort d'Orphée n'est racontée qu'au travers d'un participe passé "discerptum"
--> délivrance pour orphée : attendait un tel sort ? en tt cas y était préparé ----> le savait ? femmes seraient-elles inconsciemment les instruments de la volonté d'Orphée ?
cf "marmorea cervice" : souligne fait qu'orphée = homme fort, aurait pu se défendre s'il le voulait
cette brièveté contraste avec la durée de son affliction (cf I, 1)
- Mentionner le fait que la tête "volveret" d'elle-même, comme si c'était d'elle-même que la tête était tombée, ie désirs de mort.
transition : mais Orphée est-il véritablement mort ?
_*registre fantastique* à la fin du tx : orphée, bien qu'il soit apparemment mort, parle !
en effet "tum" souligne correspondance entre ces deux moments : celui où la tête d'Orphée est engloutie ds les eaux , et celui où on entend encore sa voix.
"ipsa" met en lumière le caractère extraordinaire de la scène et " frigida lingua" de même, noter "frigida lingua" en position de dactyle-spondée obligatoire => qqch d'extraordinaire sur lequel on appuie
Assonance en a : mime cris, clameurs d'Orphée : exclamation "ah ! " : registre pathétique, traduit aussi regret : Orphée plaint Eurydice qu'il a menée à la perte
---> amour pérenne, éternel, intemporel, etc
Orphée survit au travers de la force de son amour pour Eurydice.
émouvant : le dernier mot qu'il prononce est "Eurydice"---> amants liés même dans la mort
là encore,, rôle de la nature : écho : allitération en n/m mime cet écho
"toto flumine" : *hyperbole + hypotypose* : on croit voir et surtout entendre la scène
C'est la poésie qui confère un tel pouvoir à l'amour d'Orphée et d'Eurydice et c'est par la poésie que l'histoire d'Orphée et d'Eurydice acquiert cette universalité et cette imtemporalité.
La poésie fait d'Orphée et d'Eurydice les symboles des amants séparés par la cruauté des autres
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